Les horlogers suisses ne peuvent ignorer le récent engouement pour les montres connectées. Si pour l’heure, aucun d’entre eux ne commercialise de modèle, TAG Heuer a dévoilé son projet de sortir une smartwatch d’ici 2016. Une longue période de développement pour un produit qui se doit d’être haut de gamme et durer de nombreuses années, à l’instar de leurs montres traditionnelles.
Qu’ils s’appellent Rolex, Breitling, Tissot, Hublot ou encore Omega, ces entreprises suisses d’horlogerie de luxe sont presque obligées de proposer un modèle de montre connectée, rien que pour être présent dans ce marché très prometteur, et si possible avant les autres concurrents. Mais être horloger suisse a aussi des inconvénients comme de maîtriser une excellente qualité de leurs montres, impensable donc qu’une smartwatch de luxe doive être rechargée chaque nuit ou que son système d’exploitation soit obsolète après quelques années. Une montre suisse de luxe est un investissement et les consommateurs seraient scandalisés de ne pouvoir garder cet objet durant de nombreuses années, parfois sur plusieurs générations.
Une montre haut de gamme se doit d’être précise, fiable et résistante : rien n’est moins sûr avec les montres actuelles de Sony, Samsung ou Motorola. Si Apple veut améliorer les choses avec sa Watch prévue pour début 2015, ce ne sera pas au détriment d’une obsolescence programmée que l’on peut déjà imaginer. Plus encore que les composants qui tombent en panne, c’est la couche logicielle qui ne sera plus maintenue après quelques nouvelles versions.
TAG Heuer n’a pas clairement annoncé de modèle ni de fonctionnalités mais l’entreprise « ne peut ignorer le tsunami qui approche » en sous-entendant l’arrivée prochaine de l’Apple Watch. En se gardant de toute précision complétmentaire, le directeur Guy Semon a déclaré que rien ne sera fait avant fin 2015, le temps de mettre au point un ou plusieurs modèles ?
On se doute que les premières versions de chaque constructeur ne seront qu’un prémisse de ce qui sera possible à l’avenir, comme les premiers appareils photo numérique ou l’iPhone premier du nom.
Une belle montre est en partie achetée pour le statut social qu’elle représente, on ne compte pas les banquiers et commerciaux qui affichent fièrement leur poignet pour montrer leur réussite. Qu’en sera-t-il avec une montre connectée ? Si l’Apple Watch aura le même effet qu’un iPhone dernière génération (« regardez, j’ai la capacité financière de dépenser 700€ dans un téléphone »), c’est-à-dire « regardez, j’ai pu m’acheter cette montre à 3500€ », c’est avant tout l’image de marque de la société qui devient son meilleur argument commercial. Et ce sera le cas pour les horlogers suisses qui tenteront l’aventure de l’internet des objets.
Autre question de taille : une smartwatch est aux antipodes d’une montre traditionnelle, électronique contre mécanique. Même si l’objet en soi conduit au même usage, à savoir consulter l’heure, le processus de fabrication est totalement différent et n’est pas sans poser de nombreuses problématiques aux marques suisses. Il faut bien avoir en tête qu’une montre connectée type Gear ou Moto 360 n’est qu’une sorte de smartphone miniature avec les mêmes composants (processeur, écran tactile, capteurs). Rien à voir avec une montre mécanique.
Après tout, l’horlogerie de luxe s’en est bien sortie après l’arrivée massive des montres digitales, on peut légitimement ne pas s’inquiéter de leur futur même sans smartwatches.